Les huiles essentielles

Introduction

En Chine, en Inde, au Moyen-Orient, en Egypte, en Crèce et en Afrique, les huiles essentielles sont reconnues et utilisées depuis longtemps pour leurs puissantes propriétés thérapeutique, leur vertus cosmétiques et pour leur parfums.

Les vertus thérapeutiques des plantes ont été expérimentées depuis lors et leurs précieuses caractéristiques se sont transmises oralement de génération en génération. En fait, c’est au début du XXème siècle que les propriétés des huiles essentielles et leurs vertus thérapeutiques commencent à être sérieusement étudiées.

Actuellement, les plantes aromatiques possèdent un atout considérable grâce à la découverte progressive des applications des leurs huiles essentielles dans les soins de santé ainsi que leurs utilisations dans d'autres domaines d'intérêt économique. Leurs nombreux usages font qu'elles connaissent une demande de plus en plus forte sur les marchés mondiaux.

En effet, c’est grâce aux Arabes, que naît l’extraction des huiles essentielles  par la distillation à la vapeur d’eau à partir des fleurs, des feuilles, fruits, des écorces ou encore des graines ou des racines de la plante.

D'autres parts, les huiles essentielles sont des substances huileuses, volatiles, odorantes,  et très concentrées qui sont présentes à l’état naturel en faible quantité dans la plante.  Mais, elles peuvent être toxiques  à  forte doses à cause de la présence de certains sites fonctionnels oxygénés. Il est donc indispensable de connaître les principes actifs des plantes afin d’en étudier l’efficacité, le mode d’action et évidement les effets secondaires.

Ce rapport bibliographique sera constitué de trois chapitres :

§  Le premier chapitre, sera consacré aux généralités sur les huiles essentielles.

§  Le deuxième chapitre, concernera les méthodes d’extraction des huiles essentielles.

§  Le troisième chapitre, sera consacré aux vertus thérapeutiques des huiles essentielles.

I- Définition  des huiles essentielles

D’après « Duquenois » le terme « essence » ou l’expression « huile essentielle »  désignent généralement les principes odoriférants qui se trouvant dans les végétaux et susceptibles d’être extrait soit par hydrodistillation soit par d’autres méthodes.

Selon les normes de l’Association Française de Normalisation (AFNOR) rapportées par « Richard », les huiles essentielles peuvent être définies comme étant des produits obtenus soit à partir des matières premières naturelles, soit par distillation à la vapeur d’eau, soit à partir des fruits de citrus par des procédés mécaniques et qui sont séparés de la phase aqueuse par des procédés physique.

Le terme « huile » provient du fait que ces produit sont de nature lipidique, immiscible avec l’eau et soluble dans les solvants organiques.

Sterret affirme que le mot « essentiel » provient de l’expression latine «quinta essentia» qui signifie le cinquième élément.

Donc les huiles essentielles sont des substances volatiles obtenues par hydrodistillation ou entrainement à la vapeur d’eau à partir de tout ou partie d’une plante aromatique, on les rencontre dans les fleurs (roses, jasmin), les fruits (agrumes), les feuilles (labiées), le bois (cèdres). Ce sont des matières premières importantes pour la parfumerie, les cosmétiques et l’industrie des aromes

I- Etat naturel des huiles essentielles

 Les huiles essentielles volatiles sont élaborées au sein du cytoplasme des cellules sécrétrices qui peuvent, cependant, se trouver aussi dans les organes végétatifs que dans les organes reproducteurs .

            Muchalal et Crouset rapporte d’après «  Guenther » que les huiles essentielles sont renfermées dans des glandes à huiles, dans les veines, les sacs d’huile ou dans les cellules glandulaires des plantes aromatiques. Lorsque la plante est laissée intacte, les huiles ne peuvent être entrainées par la vapeur qu’âpres être passées à travers la paroi des tissus à la surface.

            Donc, au cours de la distillation l’eau chaude va pénétrer dans les tissus végétaux et dissoudre l’huile essentielle présente dans les cellules, la solution aqueuse diffuse à travers les cellules.

Dés que les composants dissous dans l’eau chaude sortent de la cellule, ils  s’évaporent⁽⁸⁾ et traversent un système de refroidissement qui leur permet de se condenser sous forme d'une huile mélangée à l'eau (l'hydrodistillation).

III- Composition chimique des huiles essentielles

La composition chimique des huiles essentielles est assez complexe. Les principaux constituants des huiles essentielles appartiennent principalement à deux grandes familles chimiques : les composés terpéniques et les composés aromatiques dérivés du phénylpropane.

III-1- Groupe des terpènes 

Les seuls terpènes, rencontrés dans les huiles essentielles, sont les plus volatils, c'est à dire, ceux dont la masse moléculaire n'est pas élevée. Ils répondent dans la plupart de cas à la formule générale (C₅H₈)_n.

Les constituants des huiles essentielles sont très variés .On y trouve en plus des terpènes, des hydrocarbures, des esters, des lactones, des aldéhydes, des alcools, des acides, des cétones, des phénols, des oxydes et autre.

III-2- Groupe des composés aromatiques 

            Contrairement aux dérivés terpéniques, les dérivés du phénylpropane (C₆-C₃) sont beaucoup  moins fréquents dans les huiles essentielles. Très souvent, il s'agit d'allyle et de propénylphénol. Ces composés aromatiques constituent un ensemble important car ils sont généralement responsables des caractères des huiles essentielles.

III-3- Les composés d'origines diverses avec leurs vertus thérapeutiques 

On distingue :

Les alcools : possèdent des propriétés antibactériennes (linalol, mentol, borneol) ;

Les aldéhydes : sont de puissants agents antimicrobiens possèdent des propriétés calmantes, relaxantes et déstressant (aldéhydes benzoïque et cinnamique) ;

Les cétones : aident à stimuler la régénération des cellules et à favoriser la formation des tissus (méthyl-éthyl-cétone, menthone, carvone, camphre) ;

Les acides :( benzoïque, cinnamique) ;

Les esters : (acétate de linalyle, salicylate de méthyle) ;

Les éther-oxydes : (cinéole) ;

Les phénols : les phénols sont bactéricides. Ils contiennent des niveaux élevés de molécules oxygénantes et possèdent de puissantes propriétés antioxydantes (thymol, carvacrol) ;

IV- Domaines d’utilisations des huiles essentielles

            Les essences des plantes aromatiques, malgré  leur diversité, ont en commun un certain nombre de propriétés spécifiques qui leurs donnent une place très particulière dans toute la gamme de produit aromatique naturel.

La plupart des huiles essentielles sont recherchées uniquement pour leur odeur, et sont utilisées en parfumerie et cosmétique, d’autres pour leur saveur à laquelle elles doivent  leur emploi dans l’alimentation, d’autre enfin, jouent un rôle important dans l’industrie pharmaceutique et thérapeutique.

IV-1- Emploi des huiles essentielles en alimentation

L’aromatisation de certains produit alimentaires est une ancienne tradition qu’il s’agisse de la confiserie, boissons rafraichissantes ou divers plats cuisinés. Parmi les plus utilisées à cette fin, citons les huiles essentielles de : coriandre, menthe, thym, origan…

Toujours sur le plan d’alimentation, les huiles essentielles des plantes aromatique ont servi comme agents conservateurs de certains produits .

IV-2- Emploi des huiles essentielles en parfumerie et cosmétique 

Les huiles essentielles des plantes aromatiques sont employées dans toute la gamme des parfums, cosmétiques et produit de beauté : eau de toilette, eau de Cologne, déodorants, crème de peau et savons etc.…

En effet, les huiles essentielles occupent une grande place dans la formulation des divers produits de parfumerie et cosmétique. Malgré l’énorme progrès réalisé dans la chimie de synthèse, la place des produits naturels ne fait que se renforcer. Certaines essences n’ont jamais pu être remplacées par des produits de synthèse : jasmin, rose iris etc.…

IV-3- Emploi des huiles essentielles en pharmacie 

Plusieurs huiles essentielles sont inscrites dans différentes pharmacopées. Certaines utilisées intégralement, d’autres sont soumises à des traitements préalables physiques ou chimiques dans le but de modifier leurs compositions : redistillation, fractionnement, rectification, concentration, etc.….

I- Les méthodes d’extractions des huiles essentielles 

Le rendement et la composition chimique des huiles essentielles dépendent de la méthode d’extraction utilisée. Les principales techniques d’extraction utilisées au laboratoire ou en  l’industrie sont : entrainement à la vapeur d’eau, pression à froid, extraction par solvant, extraction par CO₂ supercritique, enfleurage et extraction par micro-onde.

Par ailleurs, la distillation reste la méthode la plus utilisée car elle présente les avantages suivant : production des substances volatiles facilement analysables, technologie relativement simple, faible cout et reproductibilité meilleure.

Nous citons quelques procédés relatifs à cette technique de base :

I-1- Entrainement à la vapeur d’eau 

L’entrainement à la vapeur d’eau ou hydrodistillation  est l’un des procédés d’extraction ou de séparation de certaines substances organiques la plus ancienne et la plus largement utilisée dans l’industrie,  apportée par les Arabes au IXème siècle.

a.      Principe

            Les plantes sont placées dans un « alambic », et sous l’action de la chaleur les huiles essentielles volatiles se libèrent. Ensuite cette vapeur d’eau et d’huile essentielle passe dans un serpentin refroidi par de l’eau. La vapeur se condense dans le serpentin de l’alambic avant d’être récupérée dans un essencier (vase de décantation pour les huiles essentielles).

             La partie insoluble dans l’eau de condensation est décantée pour donner un huile essentielle, et la partie hydrosoluble  est appelé « hydrolat » ou « eau florale ».L’hydrolat contient des molécules aromatiques en plus faible quantité, mais aussi utilisée pour des thérapies naturelles : l’hydrolathérapie (Figure 1).

b.      Critère d’une bonne distillation

o        L’alambic

Il doit être en acier inoxydable, le cuivre et le fer pouvant former des oxydes.  

o        Durée de la distillation.

o        Basse pression

La distillation doit s’effectuer à basse pression. 

o        L’eau.

L’eau employée sera une eau de source peu ou moins calcaire pour éviter de recourir aux détartrants chimiques.

o        Stockage et conservation

c.       Montage

Figure 1 : L’ensemble du dispositif utilisé pour l’extraction de l’huile

 essentielle est l’alambic

1 : feu
2 : eau
3 : vapeur d’eau
4 : plantes aromatiques
5 : vapeur d’eau chargée d’HE
6 : eau froide
7 : eau chaude
8 : eau + HE
9 : huile essentielle
10 : hydrolat
11 : serpentin
12 : essencier

a.      Le rendement

            Quelque soit le choix du distillateur, on ne peut jamais déterminer la quantité d’huile essentielle que l’on obtiendra à l’arrivée. En effet le produit dépend de nombreux facteurs : la durée, bien évidemment, mais également la température, la pression, le morcellement de la plante (manière dont elle a été coupée), etc.

I-2- Pression à froid

a.      Principe

            Pression à froid est une technique « physique », c’est le moyen le plus simple mais aussi le plus limité car il est réservé, la plupart du temps, aux variétés de fruits ou plantes comme les agrumes (oranges, citrons, mandarines...). Les huiles essentielles de ces fruits sont contenues dans les petites glandes de leur écorce (zestes).

Cette méthode se fait sans chauffage : elle consiste à soumettre la substance végétale à une forte pression à l'aide d'une presse hydraulique. Celle-ci est réalisée grâce à des machines perfectionnées. Avant cette mécanisation, les méthodes d’extraction à froid ont longtemps été artisanales.

            C'est le procédé le plus simple et  un des seuls qui ne modifie pas la bonne  qualité du produit obtenu. Pour cette raison, on désigne ce dernier « essence » et non pas « huile essentielle ».

b.      Les inconvénients

Ce procédé comporte plusieurs côtés négatifs :

§     Le produit pressé à froid a souvent une durée de vie courte (environ six mois).

§     Il ne s'applique qu'à un seul type de plante : les agrumes.

§     Les outils nécessaires doivent être remplacés régulièrement.

§     Il nécessite « un bon apprentissage », donc une main d’œuvre coûteuse

 Ainsi, on peut en conclure que la rentabilité est moindre par rapport aux procédés actuels.

I-3- Extraction par solvant

            L’intérêt de cette méthode réside dans les températures très faibles qu’elle nécessite. En effet, on l’utilise surtout pour des plantes fragiles telles que la rose, la violette, la fleur d'oranger, le jasmin, la tubéreuse, les jonquilles, la cassie ou le réséda….

a.      Principe           

            Les plantes et le solvant sont placés dans un récipient et chauffés pour favoriser l’extraction des huiles essentielles par le solvant. Ensuite filtrée et on obtient ce qu’on appelle un « concret »,  qui est alors  un mélange de l’alcool refroidie et du filtrat (Figure 2).

            Apres évaporation de l’alcool, reste l’huile très parfumé, appelée  « absolu ».

Figure 2 : Principe d’extraction par solvant

Remarque : C’est un procédé employé par les industries, mais qui doit être proscrit pour l’usage thérapeutique car le produit obtenu garde la trace des solvants.

b.      Choix du solvant

·                    Solubilité :

            Le composé à extraire doit être très soluble dans le solvant (pour pouvoir être extrait dans celui-ci).

La solubilité du composé à extraire dans le solvant dépend de sa structure chimique : un composé polaire sera soluble dans un solvant polaire (eau, alcool), tandis qu'un composé peu polaire (limonène par exemple) sera soluble dans un solvant peu polaire (pentane, hexane, benzène). Elle dépend aussi de la taille et de la rigidité des molécules.

·                     Etat physique

            Il doit être liquide à la température et la pression où l’on réalise l’extraction.

·                    Température d'ébullition

Elle doit être faible pour que le solvant puisse être éliminé plus facilement.

·                    Le solvant

Le solvant ne doit pas réagir chimiquement avec l'huile essentielle. Le solvant le plus utilisé est l’hexane car il est très volatile. Le benzène et le dichlorométhane étaient aussi très courants mais ont été interdit du fait de leur toxicité.

c.       Les Inconvénients

·                    La quantité de solvant est importante. Il existe donc un grand risque d’inflammation et de pollution.

·                    Des traces résiduelles de solvant peuvent être présentes à la fin dans l’huile essentielle, altérant sa qualité.

·                     Cette technique est plus chère qu'une distillation, donc réservée aux plantes fragiles ne pouvant être distillées.

·                    La durée nécessaire est très longue (de quelques semaines à plusieurs mois).

I-4- L’extraction au CO2 supercritique

            La technique d’extraction au CO₂ supercritique est tout simplement la technique d’extraction par solvant, mais utilisant le dioxyde de carbone à l’état supercritique comme solvant à haute pression. N’importe quel fluide supercritique peut être utilisé comme solvant, mais sa faible température critique  (31°C) fait du CO₂ un solvant facile à obtenir.

a.      Principe  

Au départ de l’extraction au CO₂ supercritique, les végétaux  broyés sont placés dans des «  paniers  cylindriques » équipés de filtres aux deux extrémités. Les paniers sont ensuite placés dans l’extracteur, où une pompe assure la circulation du CO₂ à l’état supercritique. L’huile essentielle est alors dissoute dans le CO₂ sous forme de fluide. Celui-ci est ensuite rendu à l’état gazeux et se sépare du composé extrait, avant d’être envoyé dans le liquéfacteur pour être réutilisé. Le CO₂, contrairement à certains solvants très utilisés comme l’hexane, n’est pas inflammable et donc plus sûr (Figure 3).

b.      Montage

Figure 3 : Schéma de principe d’extraction par CO₂ supercritique

I-5- L’enfleurage

        Ce processus d’extraction, très sophistiqué, et plus trop utilisée, est réservé aux fleurs qui contiennent des très faibles concentrations en essences (jasmin).

I-5-1- Principe

          Les fleurs sont mises en contact de graisse absorbante qui se sature progressivement en essence. Le composé obtenu, appelé «  pommade ». Lavé avec de l’alcool et  évaporation, on obtient l’huile parfumée,  employé dans la fabrication des cosmétiques.

Il existe deux types d’enfleurage :

o        L’enfleurage à froid                    

o        L’enfleurage a chaud

I-5-2 - Types d’enfleurage

a.      L’enfleurage à froid

Cette technique est réservée aux plantes extrêmement délicates comme le jasmin, ou la   violette. L'enfleurage se passe à température ambiante, les fleurs sont placées sur des grandes plaques recouvertes de graisse, qui vont absorber les huiles essentielles. Lorsque tous les parfums sont transférés à la graisse, les fleurs sont enlevées et remplacées par des fraîches.

 Ce processus est répété à plusieurs reprises jusqu'à ce que la graisse soit saturée d'huile essentielle.  Les graisses parfumées (les pommades) sont alors traitées par l'alcool, qui s’évapore et on obtient ce qu’on appelle une absolue.

a.      L’enfleurage à chaud

Il est utilisé pour des plantes comme la rose, la fleur d'oranger, et le mimosa, pour lesquelles l'enfleurage à froid est insuffisant pour extraire toute l'essence.

Les plantes moins fragiles peuvent subir une macération à chaud, plongées dans de la graisse et  chauffer  au bain-marie. Elles infusent en moyenne pendant deux ou trois jours à une température de 60°C environ. Les fleurs sont agitées avec une palette en bois pendant 2 heures et remplacées par des fleurs fraîches tous les jours. Cette graisse est ensuite filtrée et la pommade ainsi obtenue est traitée de la même manière que pour la technique à froid. On obtient donc, de même qu'à froid, une essence absolue.

I-6- Extraction assistée par micro-onde 

L’extraction  assisté par micro-onde est une méthode qui a été développé au canada au cours des dernières années et brevetée à l’échelle mondiale par le ministère de l’environnement canadien.

a.      Principe

            La micro-onde agit sur certaines molécules, telles que l’eau, qui absorbent l'onde, et convertissent son énergie en chaleur. Contrairement au chauffage classique par conduction ou convection, le dégagement de chaleur a lieu dans la masse. Ainsi dans une plante, les micro-ondes sont absorbées par les parties les plus riches en eau (les vacuoles, véritables réservoirs liquides des cellules), puis converties en chaleur. Il en résulte une soudaine augmentation de la température à l'intérieur du matériel, jusqu'à ce que la pression interne dépasse la capacité d'expansion des parois cellulaires. La vapeur détruit la structure des cellules végétales, et les substances situées à l'intérieur des cellules peuvent alors s'écouler librement à l'extérieur du tissu biologique, et l’huile essentielle est entraînée par la vapeur d’eau (Figure 4).

b.      Montage

Figure 4 : Montage d'une distillation par micro-ondes

Cette technique présente les avantages : rapidité, économie du temps d'énergie et d'eau, extrait dépourvu de solvant résiduel.

II- Les caractéristiques physico-chimiques des huiles essentielles

II-1- Les caractères  physico-chimiques

Les caractères physico-chimiques sont les critères de qualité des huiles essentielles visibles avec des analyses simples. Ils sont de différents types :

·                    La couleur : varie avec le vieillissement et l'oxydation.

·                    L'odeur : est caractéristique à chaque huile essentielle et même à chaque crue.

·                    La saveur : constitue également un bon indicateur. Généralement, les huiles essentielles de mauvaise qualité  ont un goût désagréable qui s'amplifie avec le vieillissement.

·                     Leur état physique : elles sont habituellement liquides à température ambiante, et volatiles, ce qui les différencie des huiles dites fixes (végétales).

·                    Leur densité : en général inférieure à celle de l’eau.

·                     Leurs solubilités : solubles dans les solvants organiques usuels, peu solubles dans l’eau.

·                     Leur composition : plusieurs molécules à squelette carboné, comprenant un nombre d’atomes de carbone compris entre 5 et 22 (le plus souvent 10 ou 15).

·                    La conservation ⁽⁹⁾ de l'huile essentielle est également un point essentiel à prendre en compte pour garantir l'entière qualité du produit. Elle ne doit pas être exposée aux rayons UV ou à de fortes températures (température<25⁰ C) pour éviter son oxydation. C'est pourquoi les huiles essentielles sont commercialisées dans des flacons en verre teinté qui permet de filtrer la plupart des rayons UV. Elle se conserve entre 2 et 5 ans à l’abri de la lumière et de l’air

Pour finir, le flacon doit être totalement hermétique pour éviter toute évaporation ou que l'huile essentielle se transforme en résine (Figure 5).

Figure 5 : Exemple de flacons en verre teinté pour la bonne

conservation de l'huile essentielle.

En conclusion, la qualité de l'extraction et les conditions de conservation peuvent influer sur la toxicité des huiles essentielles. Ces premiers critères physico-chimiques sont donc un moyen d'expertise simple et fiable pour évaluer la consommation ou l'utilisation sans danger d'une huile essentielle

III-1- Analyses physico-chimiques 

Les caractères physico-chimiques des huiles essentielles sont règlementés par des normes définies par l’Association Française de Normalisation AFNOR. Dans le but d’apporter une connaissance physico-chimique plus complète des huiles essentielles nous avons déterminé les grandeurs physiques suivantes :

v    R         :           Rendement des huiles essentielles;

v    n_D²⁰        :          Indice de réfraction;

v    [a]²⁰_D :            Déviation planimétrique ou pouvoir rotatoire;

v    I_A            :          Indice d’acide;

v    I_S         :          Indice de saponification;

v    I_E           :          Indice d’ester;

v    D         :          La densité;

a.      Rendement (R)

Le rendement en huile essentielle est déterminé en poids d’huile par rapport  au poids de la plante sèche.

b.      Indice de réfraction (n_D²⁰)

Dans la littérature, l'indice de réfraction est souvent donné à 20°C, à la longueur d'onde de référence de la raie D du sodium (589 nm), il s'écrit donc  n_D²⁰.

Afin de ramener la valeur de l'indice de réfraction mesuré pour un liquide à une température T, en degré Celsius, à la valeur référencée à 20°C, on peut utiliser une relation affine valable pour de faibles écarts de température :

n²⁰ = n^T + 0,00045*(T-20)

·         L'indice de réfraction d'une solution varie également en fonction de la concentration ou de la fraction molaire des constituants de la solution. Ceci peut être mis à profit pour déterminer la composition d'un mélange. Le réfractomètre permet la mesure de l'indice de réfraction d'un milieu (Figure 7).

Figure 7 : réfractomètre

c.      Déviation polarimétrique  ([a]²⁰_D)

La déviation polarimétrique (ou le pouvoir rotatoire) d’une huile essentielle est proportionnelle à l’angle dont tournerait le plan de la lumière, quand celle-ci traverse une épaisseur d’huile essentielle dans des conditions bien déterminées.  

Elle s’exprime en degré et en minute, à température connue, généralement à 20^°C et par rapport à une radiation monochromatique de longueur d’onde 589 nm. L’appareil utilisé est le polarimètre.

d.      Indice d’acide (I_A) 

L’indice d’acide est le nombre de milligrammes de potasse (KOH) nécessaire pour neutraliser l’acidité contenue dans un gramme de substance.

e.       Indice de saponification (I_S)

L’indice  de saponification d’une substance est le nombre de  milligrammes de potasse (KOH) nécessaire pour saponifier 1g de cette substance.

f.       Indice d’ester (I_E)

L’indice d’ester d’une substance est le nombre de milligrammes de potasse (KOH) nécessaire pour saponifier l’ester contenu dans un gramme de cette substance.

Cet indice n'est pas mesuré, il est calculé :

Indice d'ester = indice de saponification - indice d'acide

g.      La densité (d)

La densité d’une huile essentielle à 20^°C  est le rapport de la masse volumique de cette huile à la masse volumique de l’eau à la même température. Cette grandeur est sans dimension.

I - Les vertus thérapeutiques des huiles essentielles 

         La thérapie par les huiles essentielles porte un nom spécifique l’aromathérapie. Ce terme  vient du grec aroma, «odeur» et thérapie, «soins». Il s’agit donc de soigner à l’aide de principes odoriférants. En effet, les huiles essentielles possèdent plusieurs vertus thérapeutique tels que :

§   Vertus Antivirales 

Dans la lutte contre les virus comme contre les bactéries on retrouve  en premier, parmi les huiles essentielles comme, le groupe des hydroxyliques (phénol et monoterpénol).  Sachant que les phénols  plus puissants sont  à utiliser avec prudence.  Les huiles essentielles stoppent la progression virale. 

§   Vertus Antibactériennes 

Les molécules aromatiques possédant le coefficient antibactérien le plus élevé sont les phénols: carvacrol, thymol, eugénol. Une molécule n'appartenant pas à ce groupe mais proche par la présence d'un noyau benzénique est l'aldéhyde cinnamique (Cannelle).

            Dans une moindre mesure on retrouve comme antibactériens les éthers  les oxydes, et les terpènes. Les terpènes sont principalement utilisés en diffusion comme antiseptique atmosphérique.

§     Vertus Antifongiques 

Les huiles essentielles ont un grand pouvoir antifongique aérien et cutané. Les infections fongiques sont d’une actualité criante car les antibiotiques prescrits de manière abusive favorisent leur extension, Parmi les huiles essentielles antifongiques : Clou de girofle, lavande, Géranium rosat, Palma rosa, Romarin cinéole.

§     Vertus antiseptiques 

Du fait de leur taux vibratoire élevé, les huiles essentielles préviennent et combattent les infections en aidant l'organisme à se mettre hors de portée des microbes et bactéries voulant se loger en lui, et de là, stoppent leur reproduction. 

§     Vertus relaxantes et anti-stress  

         L'arôme agréable de plusieurs familles de molécules aromatiques exerce sur notre système nerveux un effet relaxant qui permet de diminuer, voire d'éliminer, les effets du stress de la vie quotidienne.

§     Vertus tonifiantes et énergisantes

          Les huiles essentielles et baumes issus des végétaux aromatiques à résine sont, en règle générale, tonifiantes et énergétisantes, de par leur richesse en terpènes (monoterpènes, sesquiterpènes...). Il en est de même pour les huiles essentielles à alcool (géraniol, linalol du Bois de rose...), et à phénols (carvacrol de la Sarriette ou du Thym).

§     Vertus désodorisante  

           Certaines huiles essentielles, par action directe, modèrent la prolifération des bactéries créatrices d'odeurs désagréables tant au niveau des pieds que des aisselles et conjuguent cet effet à la diffusion de leur parfum.

II - Propriétés indésirables 

           Les huiles essentielles sont des substances très actives. De ce fait, elles peuvent être toxiques. Plusieurs types de toxicités sont connus à savoir : toxicités à court, à moyen et à long terme. Généralement la toxicité des molécules aromatiques est liée à la présence de certains cites fonctionnels oxygénés comme par exemple ceux des cétones .Par ailleurs, ces molécules ne présentent pas le même degré de toxicité. Ainsi, les monoterpènes sont toxiques à fortes doses. Les principaux effets indésirables peuvent être résumes comme suit :

o        Propriétés vésicante et nécrosante,

o        Propriétés allergisantes ou hypersensibilisantes,

o        Propriétés neurotoxiques,

o        Propriétés carcinogéniques.

III – Exemples de quelques huiles essentielles

Ø    Citronnelle (feuille)

Citronnelle (feuille)

Elle est le répulsif des moustiques par excellence. Utilisée également comme désodorisant et antiseptique. Elle est un excellent anti-inflammatoire, et est également apaisante et relaxante. 

Ø    Menthe poivrée (feuille)

Menthe poivrée (feuille)

Tonique du système nerveux (fatigue, angoisse,…). Elle rafraichit et éclaircit les idées. Elle est antivirale, anti-inflammatoire. En application locale, elle est réputée pour soulager la migraine. Ne jamais l'utiliser en application large, mais seulement par " points ".

Ø    Thym

Thym

L'huile essentielle de thym est un excellent antiseptique, et un stimulant général. Elle favorise la circulation, stimule l'appétit. Elle est également employée pour favoriser la mémoire.

Ø    Lavande (fleurs)

Lavande (fleurs)

La plus utilisée, pour son parfum délicat et profond. Elle est antiseptique, cicatrisante et  tonique. Elle stimule les fonctions digestives, apaise les maux  des têtes. Elle permet de supprimer les troubles du sommeil.

Ø    Rose (fleurs)

Rose : (fleurs)

Chaque huile essentielle a sa spécificité (selon la variété de roses utilisée) mais toutes ont un effet sédatif, calmant, mélangée à de l'huile de massage, elle soulage les douleurs musculaires.

Ø    Ylan-ylan (fleurs)

Ylang-ylang (fleurs)

Cette huile dégage un parfum de fleurs, de soleil. Elle a un effet relaxant, elle réduit la tension nerveuse, le stress ; toutes ces vertus lui valent le qualificatif d'aphrodisiaque.

Ø    Citron (zeste) Citrus limonum

Zeste de Citron

Parfum frais et léger. Excellent désinfectant et antiseptique. Tonique des nerfs et des veines.

Principe actifs de certaines huiles essentielles :

IV - Précautions d’emploi

         Une huile essentielle est une substance active qui peut être dangereuse si elle est  mal employée. Il faut donc se renseigner avant d'employer une huile essentielle quelle qu'elle soit.

            Avant d'utiliser une huile essentielle, prenez en compte les recommandations suivantes :

·                     Les huiles essentielles sont à éviter pour les femmes enceintes, les personnes âgées ou fragiles et les enfants de moins de 3 ans.

·                      Ne jamais appliquer une huile essentielle pure sur la peau et surtout sur les muqueuses ou autour des yeux.

·                     Les huiles essentielles s'emploient en général  très fortement diluée sur la peau(ne dépasse pas une concentration de 5 %).

·                     Éviter de s'exposer au soleil après application d'une huile essentielle, car certaines huiles essentielles (surtout celles des Citrus) sont photosensibilisantes (augmentation de la sensibilité aux U.V), ou peuvent provoquer l'apparition de taches pigmentées disgracieuses sur la peau 

·                     Si vous voulez employer les huiles essentielles pour vous soigner, parlez-en d'abord à un médecin, un aromathérapeuthe.

·                     Ne jamais utiliser d'huile essentielle par voie orale sans l'avis d'un aromathérapeuthe qualifié.

·                     Conservez vos huiles essentielles à l’abri de la lumière et de la chaleur pour préserver leurs propriétés, et surtout hors de portée des enfants.

Conclusion

Ce travail bibliographique comporte trois chapitres :

Dans le premier chapitre, nous avons donné un aperçu sur les huiles essentielles, leur état naturel, leurs compositions chimiques ainsi que leurs divers domaines d’applications.  

Le deuxième chapitre a été consacré aux différentes méthodes d’extraction des huiles essentielles qui sont : l'Entraiment à la vapeur d’eau, la Pression à froid, l'Extraction par solvant, l’Extraction au CO₂ supercritique, l’Enfleurage et l'Extraction assistée par micro-onde. 

Enfin le troisième chapitre donne un aperçu général sur les vertus thérapeutiques des huiles essentielles avec citation de quelques exemples d'huiles essentielles les plus connues et les plus utilisées.

D'une manière globale, les huiles essentielles sont composées d'un grand nombre de constituants chimiques connus et qui apparaît comme un mélange indissociable de vertus thérapeutiques très intéressantes.

Written by Unknown

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